Le moins que l'on puisse dire, c'est que le début de saison des Pumas n'a pas été de tout repos. Entre, la dissolution du Super Rugby entraînant l'abandon des Jaguares, les départs forcés de la quasi-totalité de l'effectif de la franchise argentine, les tweets compromettants d'internationaux et l'historique succès des Pumas face aux Blacks, les dirigeants de l’Unión Argentina de Rugby (UAR) ont dû passer par toutes les émotions.
Pour en savoir plus sur cette riche actualité, l'idée m'est venue de contacter Rodrigo Etchart, joueur des Pumas 7's afin qu’il nous éclaire sur les raisons de la réussite des Pumas sur la scène internationale tout en offrant une vision plus "sud-américaine" de l'actualité rugby au pays de Diego Maradona…
(Toutes les images m'ont été transmises par le joueur)
Tout d'abord, comment avez-vous commencé le rugby en Argentine ?
Rodrigo Etchart : "J'ai commencé le rugby au sein de mon école élémentaire non loin de San Isidro, au Nord de Buenos Aires. Cet établissement était relativement tourné vers le sport et la moitié de l'année était consacrée à la pratique du rugby. Aussitôt que j'ai commencé à grandir, j'ai intégré le club de San Isidro - qui est mon club actuel - à l'âge de 12 ans."
Comment expliquez-vous le succès des Pumas au plus haut niveau de la scène internationale ?
R.E : "L'Argentine est un pays où le rugby fait partie intégrante de sa culture sportive. Nous sommes très attachés au rugby, essentiellement amateur, ce qui explique l’attachement des Argentins pour ce sport. Depuis une vingtaine d'années, un gros travail intrinsèque, de très bons résultats en Coupe du monde à XV et une bonne structure de développement pérenne ont permis la montée en puissance de toutes nos sélections nationales (Pumas, Pumas 7's, Pumitas et Jaguares). »
Comment est organisé le championnat national local ?
R.E : "En Argentine, le rugby est donc essentiellement amateur. C'est pourquoi l'amour pour notre sport est le premier moteur de nos performances. En début de saison, nous disputons des tournois interprovinciaux afin de se jauger au niveau national. Ensuite, les compétitions sont réparties dans différentes provinces qui possède leur propre tournoi."
En dépit de leur expulsion du Super Rugby, comment expliquer la réussite des Jaguares ?
R.E : "Les "Jaguares" était une partie du processus de développement du rugby argentin. Beaucoup de joueurs argentins voyaient cette franchise sous l'optique d'une carrière professionnelle. Je pense que c'est la raison pour laquelle il y avait un réel engouement autour des Jaguares, qui a engendré une réelle hausse de niveau de l'équipe et sa professionnalisation."
A titre personnel, comment vivez-vous l'arrêt des World 7's Series ?
R.E : "C'est quelque chose qui a été réellement difficile à appréhender. On s'entraîne dur pour disputer ces World Series. Désormais, comme lot de consolation, nous sommes invités à des tournois de reprise, mais cela ne remplace en rien la magie de la plus belle boucle du monde. Enfin, la compétition est vraiment importante à nos yeux. Au début ça n'a pas été facile, mais l'ensemble des Pumas 7's se serrent les coudes pour passer cette difficile période de notre carrière."
Cet été nous a servi son lot de migration de joueurs internationaux argentins en Europe et particulièrement en France, pourquoi ce phénomène ?
R.E : "Ce phénomène est dû à la dissolution du Super Rugby. Les Jaguares n'étant plus, la quasi-intégralité des joueurs a souhaité poursuivre sa carrière en Europe. Je pense que la France est l'endroit idéal pour rester compétitif sans qu'il y ait de gros écarts avec le niveau international."
Quelles sont vos attentes concernant les prochains Jeux Olympiques de Tokyo ?
R.E : " Nous allons au Japon pour décrocher la médaille d'or. Nous savons que pour y arriver, nous allons devoir faire bon nombre de sacrifices et travailler très dur, mais nous en sommes capable. Autrement, le simple fait pour chacun de nous, de faire partie du "squad" qui s'envolera pour Tokyo pour y représenter son pays signifie déjà beaucoup. Faire partie intégrante de cette compétition est quelque chose d'incroyable. Lors des World Series, l'ambiance est festive et folle. Je vous laisse imaginer ce que ce sera lors des Jeux Olympiques…"
L'un des sujets brûlants de ce début de saison en Argentine a été l'affaire des Tweets à caractère raciste de 3 joueurs argentins, alors qu'ils avaient moins de 20 ans, dont faisaient partie Pablo Matera et Guido Petti. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
R.E : " Je les connais personnellement et je peux vous assurer que ce sont foncièrement de bonnes personnes. Ces évènements ont eu lieu il y a longtemps et ils ne révèlent en rien les mentalités de ces joueurs. J'ai confiance en ces gars-là !"
Le grand public n'a pas compris les maigres sanctions assénées à ces joueurs par la fédération argentine. Peut-on dire que ces tweets n'ont pas été interprétés avec la même gravité en Argentine ?
R.E : " Je ne sais pas ce qu'en pensent les gens et je pense qu'ils ne sont pas en bonne position pour parler de cela. Ce genre de décision requière un grand nombre d'informations dont ces gens ne disposent pas. Ces tweets n'étaient vraiment pas la bonne chose à faire, mais regretter et demander pardon pour ses erreurs est largement digne de reconnaissance."
Que souhaitez-vous dans un futur proche pour le rugby argentin ?
R.E : " Je souhaite à notre rugby de poursuivre cette bonne passe de notre histoire. Cela requiert beaucoup de travail sur et en dehors du terrain de sorte que la structure de notre rugby puisse continuer à grandir afin d’envisager un avenir radieux."
Nous voilà donc au courant des potins argentins.
La Coupe du monde de rugby approchant à grands pas, les Pumas auront à cœur de sortir les griffes dans une poule alléchante avec la présence du XV de la Rose et du Japon. Enfin, rappelons-nous que l'évènement aura lieu sur un sol que les Argentins affectionnent particulièrement : le sol français…
Gracias Rodrigo.
Rugbystiquement'votre
MA.
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