Aminiasi Tuimaba, méconnu du grand public quinziste, est pourtant une référence sur la planète du VII. Alors si ce nom ne vous évoque rien, peut-être ces chiffres vous parleront un peu plus : 66 essais en 79 sélections en l'espace de 2 saisons. Soit une moyenne de 4,20 points par matchs !
Comme si cela ne suffisait pas, sachez que ce joueur de 25 ans vient d'être élu, pour la deuxième année consécutive, au sein du "Meilleur VII mondial" de la saison 2019-2020.
Un temps fantassin de l'armée fidjienne, cette dynamite du Pacifique fait désormais largement partie des meilleurs joueurs à VII de la planète.
Mais alors que les "World Seven Series" sont à l'arrêt total aujourd'hui, le fidjien d'1m77 pour 76kg a décidé de rejoindre l'Hexagone et la Section Paloise Béarn Pyrénées…
Découvrez donc toute la générosité d'Aminiasi Tuimaba ainsi que l'approche du rugby qu'ont les virtuoses fidjiens de notre sport, comme si celui-ci n'était finalement qu'un jeu…
(Toutes les photos m'ont été généreusement transmises par le joueur)
Tout d'abord, où et quand avez-vous commencé à jouer à VII ?
Aminiasi Tuimaba : "J'y joue depuis que je suis tout petit ! A l'école secondaire de Lautoka [seconde ville la plus importante des Fidji], je pratiquais l'athlétisme et le rugby à VII. Mais à mon arrivée au sein de l'armée fidjienne, j'ai participé au championnat domestique militaire de rugby à VII, à l'occasion duquel j'ai été repéré par les sélectionneurs de l'équipe nationale."
Quelle est l'importance du VII aux Iles Fidji ?
A.T: "Le VII c'est dans notre sang ! On aime courir et se jouer de nos adversaires à l'aide de crochets, d'appuis et de "offloads". Nous prenons énormément de plaisir à pratiquer ce jeu et c'est à mon avis, le plus important. Nous sommes capable de tout lorsque nous sommes heureux de jouer au rugby !"
Comment expliqueriez-vous que les Fidjiens excellent dans ce sport ?
A.T : "Nous grandissons avec lui et tous les habitants de l'archipel adorent ce jeu ! Quand j'étais enfant, on prenait la moindre bouteille ou un autre matériel qui ressemblait à peu près à une balle de rugby, pour s'amuser entre amis. On commence à jouer comme ça et on tente des passes après contacts, des cadrages débordements. On se familiarise donc avec le rugby et plus aucuns gestes ne nous sembles impossibles."
Vous avez-donc fait partie des forces armées fidjiennes. Qu'est-ce que cela vous a apporté pour réussir au rugby ?
A.T : "Dans l'armée, tu dois resté en forme et être prêt pour n'importe quelle situation, tous les jours. Chaque matin, tu t'entraînes en portant fièrement l'uniforme et tu t'exerces à travers les chemins montagneux des îles Fidji. C'est toute cette rigueur qui m'a fait poursuivre mes rêves de carrière dans le rugby !"
Quelle place occupiez-vous au sein de l'armée fidjienne ?
A.T : " J'étais un fantassin. Cela m'a beaucoup aidé pour le rugby, en terme de préparation physique… Sur l'archipel, nous ne sommes pas épargnés par les ouragans et les cyclones. Nous délivrons très souvent de la nourriture et des provisions aux familles dans le besoin. De plus, durant nos traversée des montagnes pour aider nos compatriotes, nous nous entraînons dans les montées et les terrains difficiles dans le but de rester prêt physiquement."
Dès vos deux premières saisons avec les "Fiji 7's", vous êtes élu dans "le meilleur 7 de la saison". Qu'est-ce que cela représente pour vous ?
A.T : "Je n'ai jamais réellement pensé à ca. J'étais juste focalisé sur ce que j'avais à faire sur le terrain. Cependant, le fait de recevoir ces deux récompenses représente beaucoup pour moi et pour ma famille."
Pouvez-vous nous parler de ces entraînements sur les dunes de sables très réputés aux Fidji ?
A.T : "Bien-sûr, c'est comme une tradition chez nous. C'est vraiment l'entraînement le plus dur que je n'ai jamais fais aux Fidji… Lors d'une seule et même ascension de ces dunes, nous travaillons la puissance, la force physique, la vitesse, l'endurance. Un entraînement plus que complet !"
De nombreux "flying fijians" quittent la sélection septiste pour rejoindre l'Europe. Comment expliquez-vous que l'équipe garde le même niveau d'années en années ?
A.T : "Aux Fidji, nous possédons un réservoir incroyable de joueurs. Une fois que certains d'entre nous tentent leur chance en Europe ou ailleurs, cela laisse la place aux autres joueurs et leur ouvrent les yeux pour qu'ils se disent que c'est possible ! La fierté de représenter l'île ajoutée au réservoir conséquent de joueurs restant sur l'archipel expliquent notre stabilité au plus haut niveau."
Alors quelle est la raison de votre venue à la Section Paloise ?
A.T : "J'ai rejoint la section dans le but de découvrir une autre approche du rugby. Cette nouvelle expérience va, je l'espère, m'apporter beaucoup d'expérience au sein de ce relevé championnat qu'est le TOP 14."
Quel est votre plus beau souvenir avec les "Fiji 7's" ?
A.T : "Sans hésitation, je dirais le tournoi de Hong-Kong de l'an passé ! C'était mon anniversaire quelques jours avant le tournoi et nous avons remporté la finale de la "Cup" [la finale du tournoi] ! Et pour couronner le tout, j'ai été élu "meilleur joueur de la finale", ce fut donc une semaine magique pour moi !"
Cette image unique a fait le tour de la planète rugby et procure une sorte d'admiration à l'égard des "Fiji 7's", pourriez-vous nous la décrire ?
A.T : "Ce moment de prière que nous effectuons avant chaque finales de tournois, est une sorte de respect, d'amour et de travail d'équipe dans le but de gravir les montagnes… Nous remercions Dieu de nous permettre de réaliser nos rêves."
Enfin, avez-vous pour objectifs de jouer pour les "Fiji 7's" lors des J.O de Tokyo de 2021 ?
A.T : "Je vais rentrer aux Fidji dans le but d'effectuer la préparation pour les jeux olympiques avec le groupe des "Fiji 7's". Mais comme je l'ai dit, de nombreux joueurs vont être dans le même cas que moi et les joueurs locaux voudront tenter leur chance pour arborer ce maillot lors de la plus prestigieuse des compétitions. Mais bien-sûr je vais me battre et m'entraîner dur pour regagner ma place pour participer aux J.O !"
Même si Aminiasi Tuimaba, n'est qu'un de ces exemples, l'archipel des îles Fidji d'à peine 900.000 habitants foisonne de talents répartis au sein de ses 322 îles le composants.
Reconnaissable à leur tenue de balle non-académique, à l'instar de leurs prises de balles à une main, c'est pourtant grâce à leur jeu qui casse les codes que ces magiciens du Pacifique nous régalent à chacune de leur intervention ballon en main.
Alors, détenteur du dernier titre olympique, les "Fiji 7's" ainsi que notre protagoniste, rêvent donc de réitérer cet exploit, si cher à tout ce peuple du pacifique Sud…
Propos recueillis par MA
Rugbystiquement'votre
MA
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