Joe Dassin nous avait pourtant venté la douceur de l'été indien canadien... C'est en réalité son climat subarctique qui sévit à longueur d'année. Peut-être la raison pour laquelle les canadiens vouent un culte aux sports de glace tels que le hockey-sur-glace ou encore le curling... Dès lors, difficile de se frayer une place d'honneur pour le rugby. Lui qui partage pourtant, une longue histoire commune avec les "Canucks" (comprenez les canadiens). Apparu dans les années 1860 au pays de la feuille d'érable, le ballon ovale n'aura jamais réellement su transcender ses hôtes nord-américains...
Dans le but découvrir et d'en savoir plus sur le rugby d'Amérique du Nord, j'ai eu la chance d'interviewer le demi de mêlée Canuck Will Percillier (21 ans), joueur du Stade Français Paris et international canadien.
(Toutes les photos m'ont été transmises par le joueur)
Né en France, une enfance passée à Singapour et Hong-Kong, puis étudiant au Canada, c’est en qualité de globe-trotteur que notre protagoniste franco-canadien va nous parler du développement de l’ovalie chez les Canucks.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours pour arriver au Stade Français Paris ?
Will Percillier : "Fils d'un Puciste (PUC), je ne pouvais que me retrouver dans ce merveilleux monde qu'est le rugby ! Après avoir eu la chance de partir faire mes études au Canada, j'ai été invité à des rassemblements nationaux pour jouer avec les U20 Canucks... Cela m'a permis d'être plus exposé et j'ai été repéré par le club parisien."
Comment est perçu le rugby au Canada ?
W.P. : "Le rugby canadien a une longue histoire ! Sur la "West Coast" (Côte Ouest), d'où je suis originaire, ce sport est très populaire. Au sein des grandes écoles situées vers Vancouver, on prend le rugby très au sérieux. De plus, le rugby féminin s'est énormément développé là-bas, elles sont une grande fierté chez nous !"
Comment est organisé le championnat local ?
W.P. : "On en retrouve un principalement : la British Columbia Premiership (B.C.P). Un championnat local non professionnel regroupant les meilleurs clubs locaux et deux des meilleures universités de la région."
Alors que les "Arrows" de Toronto ont rejoint la MLR (championnat américain), peuvent-ils représenter un début de professionnalisme en terre Canucks ?
W.P. : "Oui, la MLR est un parfait moyen de développement du rugby au nord de l'Amérique. Elle permet aux joueurs de se professionnaliser et tente de leur permettre d’accéder au niveau international."
Alors à quel niveau joue le Canada ?
W.P. : "Nous jouons l'ARC (American Rugby Championship) au sein duquel s'affrontent les meilleures équipes américaines. Nous n'avons également jamais manqué une coupe du monde."
Comment expliquer la réussite des Canadiennes au niveau international ?
W.P. : "Je pense que si le rugby féminin marche si bien, c'est parce qu’il représente une réelle fierté pour le sport canadien et participe au grandissement du sport pour tout le monde ! On dispose d'incroyables athlètes passionnées ainsi que d'entraîneurs de classe mondiale ! Ce n'est donc vraiment pas étonnant de constater la réussite de nos équipes féminines."
Que manque t'il alors aux Canucks pour performer à leur instar ?
W.P. : "Au Canada, c'est essentiellement l'absence de ligues professionnelles qui nous freine dans notre quête du plus haut niveau international."
Comment s'organise le rugby canadien pour accompagner ses jeunes vers le plus haut niveau ?
W.P. : "La fédération tente d'identifier rapidement les meilleurs joueurs lors des tournois de grandes écoles du pays. Ceux-ci sont très rapidement intégrés aux équipes U18, U20 où ils ont l'opportunité d'être repérés pour poursuivre leur carrière dans le XV ou le VII (discipline qui fonctionne très bien chez nous)."
Quels sont les objectifs des Canucks à court terme ?
W.P. : "Dans un futur proche, nous allons travailler à devenir l'un des principaux favoris du tournoi de l'ARC, dans le but de pouvoir rivaliser avec les nations du Top XV mondial."
Enfin, que souhaitez-vous pour le rugby Canadien dans un futur proche ?
W.P. : "J'espère qu'avec le développement de la NRL, ainsi que l'arrivée des "Toronto Arrows" dans la compétition, le Canada étendra son vivier d'athlètes potentiellement sélectionnables pour renforcer la sélection nationale."
En attente de reprise internationale, alors que le Covid-19 sévit sur le continent américain, c'est avec fierté que Will Percillier et ses compatriotes trépignent à l'idée de redorer le blason de l'une des plus anciennes terres de rugby, à l'image de ses homologues féminines...
Propos recueillis par MA
Rugbystiquement'votre
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